Sport et écologie, une compatibilité évidente ?

Alors que la 107ème édition du Tour de France est une véritable réussite de l’année 2020, tant du point de vue sportif qu’économique, la Grande Boucle a suscité un débat majeur. En Septembre dernier, le nouveau maire écologiste de Lyon, Gregory Doucet, s’est présenté comme un opposant à la Grande Boucle pour « son caractère trop polluant ».

Il n’en fallait pas plus pour allumer la mèche d’un débat populaire autour de l’impact de Tour de France.

Outre le caractère explosif du débat sur le Tour de France, les propos du Maire de Lyon ont le mérite de soulever un vrai sujet de fond. Est-ce que l’industrie du sport est compatible avec l’écologie ?

Vers une industrie de sport écoresponsable

L’écologie se définit comme « l’impact de l’homme sur l’environnement ». Par définition, toute activité ne sera donc pas écologique. Encore moins l’organisation de Jeux Olympiques et Paralympique dans une ville de 2 millions d’habitants…

Pour autant, lorsque l’on s’intéresse à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 on relève très clairement l’ambition « écologique », le « Paris plus durable », ou encore la conformité à la « Charte des 15 Engagements Ecoresponsables des Grands Evénements Sportifs ». Ces engagements ne s’inscrivent pas dans une volonté d’un impact nul sur l’environnement, ils s’inscrivent sur l’idée d’un impact neutre et sur une notion : l’écoresponsabilité.

L’écoresponsabilité se définit alors comme l’action d’intégrer des mesures de protection de l’environnement dans ses activités, ses principes. On peut donc considérer que le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 a conscience de son impact sur l’environnement. Néanmoins, dans une démarche écoresponsable, l’organisation d’olympiades implique des actions environnementales pures comme la construction d’espaces verts ou le recyclage d’infrastructures ou de déchets. Toutes ces initiatives ont pour but soit de réduire l’impact écologique (Mobilités non polluantes, énergies renouvelables…) soit d’équilibrer l’impact futur pour le rendre neutre (espaces verts, alimentation de proximité…). Aujourd’hui, la neutralité dans l’impact environnemental et l’écoresponsabilité sont la réponse de l’industrie du Sport face à son impact. Le programme « Climate Neutral Now » des Nations Unis, la norme « ISO 20121 » ou encore la « Charte des 15 Engagements Ecoresponsables des Grands Evénements sportifs » suivent le principe de neutralité et d’écoresponsabilité.

De nombreuses institutions se sont alors emparées de ce sujet pour des raisons écologiques mais aussi pour des raisons marketing. Savoir que son club fait des efforts pour la planète encourage l’engagement des fans et l’intéressement de la population. Nous assistons alors à un mouvement en faveur de l’écoresponsabilité dans le sport. La fameuse vague verte…

Ainsi, le Réal Bétis (Séville – Football – Liga Santander) a récemment inauguré sa plateforme « Forever Green » pour des entreprises qui veulent contribuer à la protection de la planète. Cette plateforme fait suite à de nombreuses initiatives du club en faveur d’une neutralité carbone comme la mise en place de maillots en matières recyclés avec l’équipementier Kappa ou encore l’équipement du stade de générateurs d’énergie renouvelable mais aussi de systèmes avancés de collecte et de traitement des déchets.

Le FC Sankt Pauli (Hambourg – Football – 2.Bundesliga) a mis fin à son contrat avec son équipementier Under Armour pour créer sa propre marque en accord avec des valeurs de développement durable et du commerce équitable.

Par conséquent, ces initiatives révèlent non seulement la prise de conscience écologique de l’industrie du sport mais aussi sa volonté à véhiculer une attitude écoresponsable.

La nécessaire exemplarité écologique du sport

La prise de conscience écologique du sport reste néanmoins marginale comme l’a pu le démontrer l’ampleur du débat autour du Tour de France. Les mentalités doivent pour autant changer et il appartient aux acteurs du sport d’utiliser leur plateforme médiatique pour véhiculer une attitude écoresponsable.

Dans cette optique, nous avons pu voir des sportifs comme Dominic Thiem (Autiche – Tennis), Nikola Karabatic (France – Handball) ou encore Megan Rapinoe (Football – USA) mettre en avant le devoir d’exemplarité et l’utilisation du sport comme levier médiatique en faveur de l’écologie. Megan Rapinoe appelait ainsi la jeune génération de footballeurs à être exemplaire et à « s’engager pour changer le monde ». Dorénavant, Les sportifs, les ayants droits ou encore les annonceurs sont désignés pour véhiculer des valeurs écoresponsables, au risque de perdre de l’adhésion de la part d’une partie de leurs fans.

L’industrie du sport et ses acteurs pourrait alors avoir un rôle important dans la propagation des comportements écoresponsable et de la prise de conscience écologique. De la même manière que les valeurs d’inclusion sociale, de respect et de santé sont profondément ancrées dans l’industrie du sport, il conviendra alors d’inscrire ces comportements écoresponsables comme intégrés à la pratique et la promotion du sport. C’est le vrai défi à relever sur ces prochaines années pour le secteur.

Pour cela, de nombreux ayants droits innovent déjà et se placent comme des pionniers dans le changement de toute une industrie. Ainsi, en 2020, le Tour de France s’est finalement doté de véhicules électriques et entame sa marche vers une écoresponsabilité de la compétition. Nous sommes persuadés que cette démarche sera bénéfique pour la course mais aussi pour l’écologie de manière générale.

Plus de vélo avec moins de déchets, le défi est donc lancé.